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Photo du rédacteurLéa-Claude Yoga

Les Yamas

Les Yamas ouvrent la voie des huit membres du yoga de Patanjali (Ashtanga yoga) qui nous dirigent vers une paix durable et une liberté absolue. Ce sont des codes éthiques ou des outils contemplatifs qui nous accompagnent et nous guident vers ces promesses du yoga (paix et liberté). Les voici :

1. Ahimsa – La non-violence


Fais ce que tu peux et si tu peux faire mieux, fais mieux!


Ahimsa est le principe de non-violence.

Pour explorer ce principe, il faut comprendre qu’il y a différentes formes de violence :

  • Avec les mains (actions physiques);

  • Avec les mots (qu’on dit à voix haute ou qu'on écrit);

  • Avec l’esprit (nos pensées envers les autres et envers soi-même).


Par exemple, on peut essayer aussi fort qu’on le veut d’être une bonne personne dans le monde externe, mais si on ne l’est pas avec soi-même, on est ancrés dans la violence. Plus on renie qui on est, plus on se rabaisse, plus on se tape dessus, plus on se fait violence.


Pour la non-violence avec les mots, c’est un peu comme « la parole impeccable » dans Les 4 accords toltèques de Miguel Ruiz. On pense que les mots méchants affectent seulement l’autre, mais ils nous touchent aussi. S’il y a de la violence qui sort de notre bouche vers ailleurs, l’opposé peut aussi se produire et ça devient un cercle vicieux (un cercle qui peut se créer avec la gentillesse aussi). Notre parole est un outil de communication, mais aussi une force susceptible de créer de la beauté autour de nous ou de provoquer le chaos.


Et la violence physique c’est la violence physique. Ça ne résulte en rien de bien. Jamais.


Il y a différentes façons de déraciner la violence. D’abord, on peut explorer notre dialogue interne : celui qu’on a sur nous-mêmes et celui qu’on a sur les autres. Ensuite, on peut explorer notre relation à notre pratique de yoga par exemple : est-ce une autre manière de se rabaisser ou est-ce réellement un moment pour se connecter à Soi? Sinon, on peut aussi observer quelle est notre relation à la compassion.


Finalement, au lieu de penser à ne pas être violent, parfois il peut être utile de penser à de quoi on a peur, car la violence peut souvent naître de là.


Voici quelques questions à se poser avec Ahimsa :

- Comment suis-je violent.e avec moi-même de par mes pensées, mes mots ou mes gestes?

- Comment suis-je violent.e avec les autres de par mes pensées, mes mots ou mes gestes?

- De quelle façon j’utilise les mots comme des armes au lieu de les utiliser comme des outils?


2. Satya – Sincérité, honnêteté, authenticité


Quand on parle de Satya, on pense souvent que c’est de dire la vérité quand il s’agit de parler, donc de ne pas mentir et en effet, c’est important d’être honnête et ça fait certainement partie de l’idée de Satya, mais c’est aussi beaucoup plus que ça.


Voici quelques questions à se poser :

- Comment ne pas mentir aux autres?

- Comment ne pas me mentir à moi-même?

- De quelle façon « ce que les autres pensent de moi » m’affecte et m’amène à m’ajuster ou m’adapter pour essayer de « fitter » dans leur moule ?


L’idée de ne pas se mentir à soi-même est à la base de Satya et demande une relation profonde avec Soi. On a besoin de se connaître véritablement pour pouvoir arriver à cette clarté de qui on est et ensuite pouvoir dire oui quand on veut vraiment dire oui tout comme l’affirmation contraire (dire non), le cas échéant.


En creusant un peu plus, on constate cette tendance à donner une trop grande importance à nos pensées et à nos émotions quand, on se rappelle bien, la nature de ces dernières est le changement. Elles sont valides, mais ne représentent pas la Vérité que Satya nous invite à explorer, car Satya signifie aussi immuable. On veut explorer la Vérité, celle qui vient de notre vraie nature, du Soi.


Dans Satya, il y a aussi une ouverture à la vérité du moment présent tel qu’il est. Quand on dit que les pensées ne sont pas la Vérité, ce n’est pas de dire qu’elles n’existent pas, mais plutôt qu’elles ne représentent pas la Vérité de « qui je suis au plus profond de moi-même ». C’est une belle façon de se détacher du drame de l’ego et de comprendre que les pensées ne deviennent pas « ce que je suis », mais plutôt « quelque chose qui me traverse ».


Maintenant, on veut aussi que la Vérité, Satya, soit ancrée dans notre engagement à Ahimsa, soit la non-violence. Si on n’est pas dans l’esprit de Ahimsa, on n’est pas dans celui de Satya non plus. La tradition nous dit donc que parfois il est mieux de garder le silence plutôt que de dire une vérité qui est agressive ou cruelle.


Voici donc quelques questions à se poser avant de parler :

- Est-ce vrai?

- Est-ce aimable?

- Est-ce nécessaire?

- Est-ce le moment opportun?


3. Asteya – Ne pas voler


Asteya c’est de ne pas voler, de ne pas prendre ce qui ne nous appartient pas. Évidemment, c’est de ne pas voler un magasin, de ne pas télécharger de films illégalement, etc. C’est aussi de ne pas voler une idée ou de ne pas s’attribuer les mérites de quelqu’un d’autre.


Mais c’est surtout d’explorer pourquoi on le fait.


Quelques questions pour Asteya:

- Qu’est-ce qui se trouve à la base de ce désir de voler?

- Qu’est-ce qui m’amène à vouloir voler à l’autre?

- Comment est-ce que je me vole à moi-même?


Asteya nous invite à explorer la nature de nos désirs. Le yoga dit que le désir de prendre quelque chose qui ne nous appartient pas est dû à un manque; un manque de confiance en nous et en la vie. Quand on ressent ce manque, on se sent impuissant.e, on se retrouve pris.e dans la comparaison, on se sent comme un.e moins-que-rien, etc. Le manque peut conduire, entre autres, à l’avarice et à la cupidité.


En explorant un peu plus, on remarque qu’on peut aussi se voler à soi-même. Par exemple, on se vole l’opportunité d’être dans le moment présent à chaque fois qu’on se préoccupe pour le futur et qu’on rumine le passé. Si on ressent un manque et qu’on se préoccupe constamment pour un résultat futur, on perd la richesse que chaque moment peut nous offrir quand on est pleinement présent.e.s. Quand notre esprit vagabonde durant une conversation avec l’autre, on rate notre chance d’avoir une vraie connexion. Quand on pose une étiquette sur quelqu’un, on lui vole l’opportunité de nous démontrer qui iel est réellement. Quand on n’arrive pas à voir nos parents comme étant des êtres humains, on perd l’occasion d’avoir une connexion profonde et une compréhension réelle.


Si on parle d’environnement, Asteya nous invite à vivre une vie plus consciente et à réduire notre empreinte, donc à ne pas encourager des pratiques ou des industries qui polluent l’environnement aux dépens des moyens de subsistance ou du confort des générations futures. Dans ce cas, Asteya nous invite à voir le monde non pas comme quelque chose qui nous appartient, mais quelque chose dont nous sommes les gardiens.


Asteya nous invite aussi à regarder ce qu’on a, ce qu’on n’a pas et ce dont on a besoin, donc qui on est et qu’est-ce qu’on est venu.e.s faire dans ce monde. Ça nous invite au présent, à l’introspection, à l’amour et à la compassion. Patanjali dit que quand le yogi est établi dans Asteya, tous les trésors s'ouvrent à lui. Une belle réflexion sur l’abondance.


4. Brahmacharya – Modération des sens ou agir de la conscience pure


Brahma : Expression ultime du divin, de l’infini

Charya : « aller vers », « marcher avec »


L’idée de Brahmacharya est qu’il y a une relation directe entre l’énergie physique et l’énergie spirituelle, donc en cherchant à utiliser nos sens de façon plus appropriée, on améliore notre potentiel spirituel.


Maitriser nos sens


Bien que nos sens puissent nous procurer de grands plaisirs, ils peuvent aussi nous drainer de notre énergie. On veut alors éloigner notre énergie de nos désirs externes et la diriger vers la recherche de la paix intérieur et de la joie, vers ce qui est pur et éternel.


Certains chemins yogiques nous proposent le célibat comme étant une façon de préserver notre énergie, mais ça n’a pas besoin d’être le cas pour tou.te.s. C’est surtout une recherche de modération. Ça demande de la discipline et beaucoup de réflexion. Ce qu’on veut, en fait, c’est être moins dans le déni et plus conscient.e.s de comment on s’engage dans le monde, de quelle façon on utilise nos sens et pourquoi on le fait. On veut remarquer les effets que nos choix ont sur nos pensées, notre humeur, nos émotions et sur la quantité & la qualité de notre énergie.


Quelques exemples de questions à se poser à ce niveau :

- Combien de temps je peux passer à « scroller » les réseaux sociaux?

- Est-ce que j’ai vraiment besoin de ce verre de vin de plus, ou de cette bière, ou de ce café?

- Est-ce que je peux prendre des décisions plus conscientes par rapport à mon alimentation (qualité/quantité)?

- Avec qui je m’engage dans des activités sexuelles et pourquoi je le fais?

- Etc.


5. Aparigraha – La non-possessivité, le détachement


Aparigraha c’est une exploration de notre relation avec le laisser-aller. Ce n’est pas nécessairement de nous forcer à jeter toute possession qu’on a à la poubelle, mais plutôt d’observer notre relation avec ces dernières; c’est une invitation à laisser aller l’attachement qui y est rattaché.


On a cette tendance à toujours vouloir plus que ce qu’on a déjà. Aparigraha nous invite à nous arrêter et à nous demander pourquoi on veut ces choses, pourquoi on veut plus. C’est aussi un rappel que rien de tout ça ne définit notre valeur.



Quelques questions à se poser:

- Pourquoi je veux toujours plus?

- Pourquoi n’est-ce jamais assez?

- Qu’est-ce qui motive ce désir ou se cache derrière?

- Si toutes ces choses matérielles disparaissaient demain, serais-je encore heureux.se?


Le « buzz » qu’on ressent quand on achète du matériel est certainement agréable, mais de courte durée. Ce qu’on croyait avoir absolument besoin devient rapidement superflu. Et ça, ça parle du matériel, mais ça s’applique aussi dans d’autres contextes. Par exemple, si on croit qu’une relation va nous procurer du bonheur, on va s’attacher à n’importe quelle relation en confondant notre désir de bonheur par le désir d’une relation. On ne trouvera pas le bonheur dans cette relation si on ne l’a pas déjà en nous. Donc, si après un certain temps la relation ne nous procure pas de bonheur, on aura tendance à la laisser aller et à aller chercher la prochaine personne attirante.


Aparigraha nous invite à observer le désir, et, ensuite, à prendre la décision consciente de le combler ou non. De cette façon, combler ce désir vient d’une réflexion et d’un choix conscient et on n’est alors plus victimes ou dépendants de nos envies.


C’est aussi une invitation à constater qu’on est déjà complet.e.s, donc que rien de tout ça ne nous rendra plus complet.e.s.


P.S. Le non-attachement n’est pas de s’en foutre. C’est plutôt de tenir profondément à quelque chose ou à quelqu’un sans pour autant que cette chose ou cette personne doive être ou devenir quelque chose ou quelqu’un POUR nous.



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