On me pose souvent cette question
Premièrement, c’est une question tout à fait légitime, car de nos jours et dans notre coin du monde, on est bombardé de différents types de yoga avec toutes sortes de noms pour les définir. Certains pourront dire que c’est beaucoup moins sérieux et que l’on perd l’essence même du yoga à travers ces différentes inventions. Ce sera peut-être le sujet d’un autre texte, mais pas celui d’aujourd’hui.
Aujourd’hui on parle de Ashtanga. Cet amour. Cette relation. Car en fait, faire du Ashtanga, c’est comme avoir une relation. Ce n’est pas toujours beau et simple. C’est difficile, c’est exigeant ; parfois il faut faire des efforts, beaucoup d’efforts ; laisser aller les sentiments, les émotions, le mental, qui nous freinent. Parfois on a envie de tout laisser tomber, d’aller voir ailleurs, d’aller voir ce qui nous paraît plus facile. Mais le Ashtanga c’est comme une relation, mais une bonne relation. Ce n’est pas toujours facile, mais si on reste, si on traverse les vagues d’émotions, de pensées, on arrive un peu plus loin. Et ce « un peu plus loin » c’est beau. Ça nous permet d’avancer, un pas à la fois. De grandir. De découvrir autre chose sur nous, notre corps, notre esprit ; nos comportements, nos relations, nos « patterns ».
C’est beau.
Et c’est encore plus beau, parce que c’est difficile.
Travailler fort pour mieux se déposer. C’est mon mantra préféré et je l’ai appris avec le Ashtanga.
Je ne mentirai à personne : le Ashtanga, c’est difficile. C’est ardu. À première vue, c’est la pratique physique qui est difficile. Elle est basée sur des séries, principalement trois, mais on peut aller plus loin. Peut-être qu’en lisant ça vous vous dites : « Trois séries de postures ? Facile. On doit venir à bout de ce monstre rapidement. » Je peux vous affirmer qu’au contraire, ce ne sont pas trois cours ; trois heures de cours. Ce sont trois séries et c’est bien possible que dans une vie, on reste avec la première série, sans aller voir plus loin. Et c’est correct.
C’est tellement correct.
Les séries sont toutes créées de la même façon : salutations au soleil, postures debout, série de postures (1,2 ou 3), postures finales (cambrés arrières, équilibre sur les épaules et sur la tête, respiration, détente).
Alors quand on va dans un cours de Ashtanga, la première fois ça peut sembler intimidant, rapide, insurmontable, voire horrible. Mais au moins la prochaine fois, on sait à quoi s’attendre. Parce que c’est toujours la même chose ! Ça peut sembler monotone, mais il faut l’essayer. Le fait de répéter la même série de postures c’est tout simplement incroyable. D’abord, parce qu’on peut avoir une vision éclairée de notre corps. Cibler nos forces et nos faiblesses. Constater l’état du corps. L’état global, mais également l’état de la journée. Car autant ça nous aide à connaître le corps physique au niveau des forces et des faiblesses à un niveau plus large, autant ça nous aide à constater l’état du corps le jour même. Ensuite, pour observer la progression. On peut constater que ce qui était impossible le jour d’avant devient possible ensuite. On remarque et sent l’évolution du corps, de si près. Ça permet de se reconnecter au corps physique d’une manière incroyable.
Et au corps mental.
Avec la routine de postures, on atteint un autre niveau dans la pratique, car à force de répéter, on apprend la série par cœur, donc on peut la faire sans y penser. La séance se transforme en une méditation en mouvement où le corps se laisse guider par des mouvements connus et l’esprit s’arrête. L’esprit est ici et maintenant (un jour peut-être). Le corps et l’esprit s’unissent et valsent à l’unisson.
Le tapis c’est notre vie à petite échelle. La force, la rigueur et la détermination qu’on développe sur le tapis, on la traine à l’extérieur aussi ; dans la vie de tous les jours. La capacité de s’arrêter, de revenir à la respiration, de laisser aller ce qui doit partir et de faire confiance à la vie sont des atouts qui, peu à peu, deviennent partie intégrante de notre être, du Soi.
C’est le travail d’une vie que de faire durer cette relation, mais il ne faut jamais oublier : ce qu’on donne à la pratique, on se le donne à soi-même.
Voici la première série (lien du site au bas de l'image):
http://www.sattvayogashala.com/
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