Il existe de nombreuses études qui peuvent vous donner la liste des raisons pour lesquelles le yoga est bon pour, entre autres, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) : il aide les pratiquants à accepter leurs émotions, il augmente la résilience, il améliore l'humeur, etc.
Comment? Pourquoi ?
Pourquoi utilisons-nous le corps pour toucher l'esprit ?
Pourquoi nous sentons-nous parfois si impuissants face à nos propres émotions, face à nos propres états d'esprit ?
Pourquoi perdons-nous, parfois, tout pouvoir sur nous-mêmes ?
Voici une courte explication ou du moins le début d'une longue réflexion de la part d'une adepte de la tradition yogique.
UTILISEZ LE CORPS POUR TOUCHER L'ESPRIT
«Il a été démontré que le yoga réduit la réponse physiologique chez les patients atteints de SSPT et on pense qu'il influe sur le SSPT en améliorant la régulation somatique et la conscience corporelle qui sont impératives pour la régulation des émotions. Apprendre à réfléchir plutôt qu'à réagir à des états physiologiques et émotionnels difficiles a des répercussions sur l'expérience et l'expression des émotions dans le SSPT. »
Gallegos, A. M., Crean, H. F., Pigeon, W. R., & Heffner, K. L. (2017). Meditation and yoga for posttraumatic stress disorder: A meta-analytic review of randomized controlled trials. Clinical psychology review, 58, 115–124. https://doi.org/10.1016/j.cpr.2017.10.004
Pourquoi la conscience corporelle est-elle nécessaire pour la régulation des émotions ?
L'esprit est l'endroit où "on fait l'expérience de", mais il n'est pas isolé du reste du corps et une façon d'être conscient des connexions internes c’est avec les Koshas. On regardera seulement le premier aujourd'hui :
Anayama kosha.
Anayama kosha est notre corps physique, notre enveloppe corporelle.
La raison pour laquelle, en yoga, on commence avec le corps physique, soit avec les postures (les asanas), c'est parce que les tensions mentales s'y manifestent de différentes manières. Lorsqu'on est nerveux, on a des papillons dans le ventre; quand on est en colère, on serre les dents ou peut-être les poings. On a tous des empreintes, des manières habituelles de stocker nos tensions physiques, émotionnelles et mentales dans le corps qu'on en soit conscients ou non. Notre corps reflète notre esprit et notre esprit reflète notre corps. Donc les changements de la posture corporelle peuvent amener des changements de nos états affectifs, influencer nos niveaux actuels de motivation et même l'intensité de nos émotions.
Par exemple, si vous vous placez temporairement dans une posture physique molle, lourde et déprimante, vous êtes plus susceptibles de vous sentir impuissants face à un défi et peut-être même moins persistant. L'inverse se produira si vous vous positionnez dans une posture d'expansion verticale. Nos vies mentales et émotionnelles s'expriment physiquement dans notre corps, ce qui signifie que dans le processus de changement de notre physique, nos pensées, nos souvenirs et nos émotions seront également affectés. Notre corps est notre mémoire matérielle, ce qui signifie qu'il est un « enregistrement » de notre passé. S'engager consciemment est un moyen de redéfinir notre relation avec le passé et avec le présent.
Les Yoga Sutras parlent très peu des asanas, mais ce qui y est dit, entre autres, c'est que la posture commence quand l'effort cesse et c'est à ce moment que la méditation se place spontanément (Sutra II.47). Ensuite, Patanjali mentionne que lorsque vous maîtriserez les asanas, les opposés cesseront d'avoir un impact (Sutra II.48). Cela signifie essentiellement que nous ne serons plus bouleversés par les changements de la vie.
La vie est pleine de changements, bien sûr, et ces changements peuvent nous rendre instables parce qu'on réalise qu'à un certain niveau, à tout moment, on est vulnérables à cette possibilité de changement. Lorsqu'on maîtrise les asanas, on n'est plus à la merci de ce changement. On peut rester centrés même lorsque la vie est chaotique. On peut s'élever au-delà de notre situation.
REGAGNEZ LENTEMENT LE POUVOIR SUR VOUS-MÊME
« Les personnes atteintes de SSPT ont des pensées et des sentiments intenses et perturbants liés à leur expérience qui durent longtemps après la fin de l'événement traumatique. Ils peuvent revivre l'événement à travers des flashbacks ou des cauchemars ; ils peuvent ressentir de la tristesse, de la peur ou de la colère ; et ils peuvent se sentir détachés ou éloignés des autres. [Ils] peuvent éviter les situations ou les personnes qui leur rappellent l'événement traumatisant, et ils peuvent avoir de fortes réactions négatives à quelque chose d'aussi ordinaire qu'un bruit fort ou un contact accidentel. »
(2020) What is Posttraumatic Stress Disorder? The American Psychiatric Association. https://www.psychiatry.org/patients-families/ptsd/what-is-ptsd
On pourrait résumer ça en un mot: Souffrance.
Tout ça c'est de la souffrance reflétée dans le corps et dans l'esprit. La première chose à faire avec la souffrance est de la laisser être, de la laisser vivre... de la voir. Ensuite, lui donner un espace pour qu'elle se libère, peu à peu, car l'unique façon de la laisser partir est de lui faire face, de s'autoriser à la voir. Lorsqu'elle est cachée, elle reste enfouie; elle est ignorée et non guérie.
Maintenant, pourquoi on se sent parfois si impuissants face à nos propres émotions, face à nos propres états d'esprit ?
Comme on le sait peut-être, tous nos comportements, en particulier ceux qui sont répétitifs, laissent des traces dans notre esprit (voir l'article sur les Samskaras). Ces rainures dans le yoga sont appelées les Samskaras et elles s'approfondissent chaque fois qu'on les répète. Chaque fois qu'on répète une pensée, qu'on ressasse une émotion ou qu'on tombe inconsciemment dans un comportement familier, on renforce cette pensée, cette émotion ou ce comportement qui crée en nous une prédisposition à agir de la même manière à l'avenir. Chaque fois qu'on y revient, on renforce ces tendances à l'intérieur de nous-mêmes. C'est comme si, d'une certaine manière, on s'y accrochait. Inconsciemment, on choisit la souffrance par habitude en fonction de cet élan de choix qu'on a fait dans le passé. Individuellement, cette pensée, ce comportement familier ou cette émotion peuvent ne pas sembler laisser de marque significative, mais au fil du temps, ils créent ce puissant momentum.
Donc, il est évident maintenant que lorsqu'on essaie de rediriger le flux, le processus n'est pas facile. On essaie une nouvelle pensée ou un nouveau comportement et cela peut à cet instant sembler inutile, ne faire aucune différence, mais le travail se fait. Donc, si on essaie et que ça ne fonctionne pas tout de suite, tout ce qu'on doit faire est de continuer. Le yoga est dédié à façonner notre esprit et notre corps au-delà des limites perçues, au-delà de nos histoires restrictives, au-delà de nos racines «samskariques» dans cet espace de conscience plus libre et plus complet, plus inclusif et plus autonome.
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